Ah merci Maurice !
Maurice ?
Mais oui, Maurice POTTECHER, et son " Théâtre du Peuple" à Bussang dans les Vosges.
Bussang c'est aussi la source de la Moselle, la rivière, pas le département !
Le Théâtre du Peuple est un vaste vaisseau de bois classé Monument Historique depuis 1975.
La représentation de de l'après-midi débute à 15 h pour une durée moyenne de 3 h. Elle associe deux tiers de comédiens amateurs au moins.
Cette année sur une trentaine de comédiens, il n'y avait que cinq pros.
La pièce était une création du metteur en scène Pierre Guillois et de Guy Benisty sur le thème des croisades.
Un cœur mangé
Un cœur mangé ? Mais, par quoi ?
Eh bien d'abord par l'ennui.
L'ennui des seigneurs et de leurs vassaux, qui n'ont pas de guerre à se mettre sous les épées.
L' ennui de l'église qui voit sa prédominance mise en cause en Orient et la croissance de l'Islam.
Mangé par l'ambition d'être celui qui délivrera Jérusalem.
Mangé par le fanatisme, le désir d'expier ses péchés.
Mangé par la misère, la maladie, le long du voyage, la bestialité lors des combats, l'appât du gain.
Un cœur mangé (référence à la légende médiévale) est un spectacle d’une grande
richesse, mêlant peinture d’une époque brutale, éléments historiques, analyse
sur la folie meurtrière du fanatisme religieux mâtiné de bêtise crasse et bien
sûr, l’humour, incontournable au Théâtre du Peuple, vache, burlesque, voire trash.
Un Cœur mangé est une charge violente et néanmoins drôle contre les guerres de religions, contre le fanatisme, contre les croyances devenues barbares à force de stupidité abyssale et de cruauté.
Pas question de rester à la maison comme les femmelettes.
Le spectacle balaie
aussi le mépris des seigneurs pour les gueux ; le goût de l’époque (et de la nôtre) pour les
superstitions, reliques et autres stigmates ; la persécution des juifs ; la
vision des femmes forcément ensorceleuses et des hommes, forcément ensorcelés à
leur corps peu défendant…
Pierre Guillois a fait
le choix du grand spectacle, du péplum avec plus de trente comédiens et
figurants sur scène, sans compter un dromadaire, des chevaux, un chien…
. Les auteurs ont particulièrement réussi le volet burlesque de la pièce avec un truculent duo de fripouilles. Ces deux-là jonglent avec l’intolérance religieuse, se balançant à la tête des idées toutes faites et imbéciles.
La dernière scène, ou plutôt cène, concluant ce déluge orgiaque achèvera, sans doute, de convaincre l’esclave de la suprématie du modèle occidental ? Et tous de communier, dans un grand élan, à la vengeance du châtelain cocufié. Laquelle est, comme chacun sait, un plat qui se mange froid. Mais quel plat !